L'auberge du dragon Vert le retour

Naolith s'était levé peu après les paroles de Bahel', se postant aux côtés de Dlog. Il saisit le bras du paladin pour l'inciter à sortir de l'auberge ou, tout du moins, de regagner sa place où l'attendait son verre à moitié vide.

- Nous vous avons accueillis avec confiance malgré votre statut, ne nous faites pas regretter notre hospitalité par des actes insensés. Bahel est un rebelle désormais et vous n'êtes pas le seul à avoir sa venue en travers de la gorge.

L'elfe posa un instant son regard sur Valten comme pour souligner ses dires. Le rebelle remarquerait peut-être le remerciement muet que lui adressait Naolith au passage; en effet, il n'était pas intervenu auprès de Dlog pour attiser le conflit et c'était pour l'elfe une preuve de sagesse ou tout du moins de tolérance.

- Sir Dakon lui-même a décidé que Bahel' était digne d'intégrer les nôtres. Laissez le se repentir de ses crimes et soyez aussi confiant que moi envers le jugement du régent Sigdilite.

Tout était allé très vite.
A présent que la situation était maîtrisée, le prêcheur de Zeus affichait un air de grande déconvenue. Ainsi les épaules du lardanien s'affaissèrent subitement comme la volonté le quittait.
Se laissant entraîner vers sa table à la manière d'un enfant, le paladin marmonna quelques mots..

"Il est heureux qu'il n'attaque ni ne dise jamais de face, de cette façon il évite les coups ce reptile!"

..puis il ne dit plus rien et retomba lourdement sur sa chaise de bois.

-Excusez-moi, c'était plus fort que moi! ,reprit-il en s'adressant à tous les sigdilites présents, excepté Bahel'.
Si...si vous désirez que je ne fasse plus attention à lui, après tout je pense bien en être capable, ce ne sera pas la première fois!

A ces mots, Dlog se permit un léger sourire, dans lequel s'exprimait malgré tout une pointe de fadeur. Puis, son regard se porta sur son verre et, le saisissant, l'olympien le fit tourner devant ses yeux, comme s'il voulait regardait au-travers. Evidemment, les verres n'étaient que de simples godets de bois, de métal ou de pierre, cadeaux des nains, mais c'est exactement ce geste qu'aurait fait le paladin s'il s'était agi de verres en cristal véritable, comme à Lardanium!
Les vieilles habitudes...
Naolith, en face de lui, parut pour le moins surpris d'une telle atitude mais l'olympien s'en rendit compte et il lui exprima rapidement la raison du pourquoi:

- Mais dites-moi cher ami, pour un elfe, vous semblez boire plus que de coutume!
Ne le prenez pas mal mais nous disons chez nous que l'habit ne fait pas le moine...en concluerais-je que ce breuvage vous est agréable?!

Voyant le paladin rejoindre sa place, les muscles de l'elfe se détendirent imperceptiblement. Il sentait son calme habituel dominé à nouveau toute émotion et se rassit à ses côtés dans un soupir de soulagement. Décidément, Bahel' était loin d'avoir aucun ennemis et rien n'allait pour s'arranger avec son adhésion à Sigdil. L'elfe hocha de la tête lorsque Dlog proposa de l'ignorer, cela ne pourrait que servir les intérêts de Nygaël... Et du mobilier.

Regardant le verre du paladin à moitié vide, Naolith grimaça.

- Je suis désolé pour votre verre... Nous pouvons échanger si vous le désirez ou je peux vous en payer un autre en dédommagement...

En réalité, l'elfe prenait rarement autre chose qu'un verre d'eau autant par manque de goût que soucis d'argent.

- A vrai dire je n'ai pas l'habitude de boire, ce serait navrant que je rate un tir à cause de l'alcool.

Il préférait taire sa nature paranoïaque au paladin. Ne jamais boire et se tenir toujours prêt en cas de danger était une façon pour lui d'atténuer ses peurs.

- Je peux savoir pourquoi Valten et vous détestez autant cet ancien chevalier noir ?

Sa raison lui aurait dit de ne pas relancer la conversation sur un sujet aussi sensible, mais sa curiosité le poussait au contraire... Surtout qu'il était peu habitué à voir Dlog perdre patience.

[HRP: J'halucine face à la mauvaise fois de ton perso Valten ! J'te jure ! ]
Pardon??? Attends, tu te souviens pas, l'auberge des Ombres de salminar...

Citation :

comme il ne put empécher ses poings joins de s'écraser sur sa nuque de Valten. La force du coup l'assomerait net ou l'étourdirait pour un moment.

Ca c'est pour Kilius.

de bahel'
ici:http://ombres-de-salminar.actifforum.com/Espace-Detente-c3/Taverne-Au-petit-galop-f6/J-aurais-du-prendre-a-droite-t310.htm

Son regard accompagna Bahel' jusqu'à la sortie de l'auberge, l'elfe semblait perplexe mais son expression resta fermée. Après que la porte d'entrée fut refermée sur la silhouette du nouveau Sigdilite, ses yeux se penchèrent sur Valten dans un regard de biais familier.

Naolith haussa un sourcil aux dires de Valten.

- Et c'est tout ?

Il se retint d'en dire d'avantage. Un simple coup de poing qui fait naître une haine aussi féroce... Et Valten devait plutôt être heureux de ne pas être mort sur le champ en mettant un pied à Ordenum tout en étant rebelle. Avec amertume, il repensa à tous les moments malsains que lui avait fait vivre les Olympiens alors qu'il n'était pas encore rebelle. Ses pensées le menèrent à Ender qui avait tué un par un ses amis sous ses yeux avant d'en finir avec lui, affichant une joie réelle devant tout ce massacre. Un chevalier noir lui aussi...

Ressasser des souvenirs scellés dans son esprit lui donna la nausée et, subitement, il comprit qu'il n'était pas mieux que son frère ou Valten qui noyaient leur chagrin dans l'alcool. Lui c'était simplement contenté de les enfouir au plus profond de son être.

- Je ne me sens pas bien...

Un simple murmure à peine audible prononcé pour lui-même. Il croisa les bras et baissa le regard sur la table, contemplant vaguement le bois dans lequel elle avait été taillée.

Naolith resta sourd au reste de la discussion, entendant simplement la voix de Bleu et Valten sans qu'il arrive à traduire les paroles. Son esprit était bien loin de l'auberge à présent, il lui semblait revoir ses cauchemars quotidiens éveillés. Combien de fois Hadès l'avait accueilli ? Huit fois ? Et toutes ses morts s'étaient accompagnées de celle de son frère, pourtant, jamais il n'avait sorti son arc et toujours il s'était tenu à l'écart des territoires...

La voix de Nygaël ne lui parvint qu'à moitié mais la secousse le sortit brutalement de ses pensées. Il releva la tête si rapidement qu'il failli heurter l'elfe, puis la tourna vers ce dernier. Ses yeux étaient écarquillés sous la surprise, l'endroit lui paraissait presque étranger. Il se souvint rapidement qu'il était à Sigdil et se détendit. Depuis qu'il était rebelle, jamais aucun évènements de la sorte ne s'était reproduit. Dans un mince sourire, il répondit à l'inquiétude du tavernier.

- Excuse moi Nygaël, je crois que j'ai cauchemardé les yeux ouverts...

Ne trouvant rien d'autres comme justification, il se redressa sur son siège pour donner l'apparence qu'il se sentait bien. L'intervention de Nygaël l'avait un peu surpris, même si l'elfe restait souvent muet, il n'était pas insensible à ce qu'il se passait autour de lui. Un fin observateur...

(Je crois que j'ai compris l"Oeil malin" :p)

-Vous n'avez pas à vous excuser, Naolith, ni à cacher vos peurs et vos craintes.
Après tout, vous êtes ici chez vous!

Dlog se tourna vers Nygaël, comme si l'elfe avait besoin d'explications:

-Vous devez l'avoir compris, maître tavernier, mais le fait est que Naolith ait été, il me semble, perturbé à l'évocation de nos récits.
Mais après tout, qui ne l'est pas? Les souvenirs de la plupart d'entre-nous sont trop horribles pour que nous prenions plaisir à les ressasser. Et pourtant ils restent ancrés dans nos esprits, indélébiles traces de ce que nous avons faits ou subis.
...
Pour ce qui est de Bahel', il me semble vous avoir déjà dit ce qu'il est m'est arrivé avec les chevaliers noirs de par le passé.. beaucoup de cicatrices me sont restées à moi aussi.
Et pourtant voyez! Je ne suis pas rebelle et reste fidèle à mes convictions!
Pour l'heure, je sais bien qu'il n'est plus membre des CN mais, voyez-vous, je ne crois pas que l'on puisse changer comme cela du jour au lendemain en étant resté tant de temps comme il le fut!
Sa volonté est peut-être très vraie mais je n'y crois pas. Vous avez mon opinion.
Maintenant...

Le paladin émit un long silence, au terme duquel il baissa la tête et laissa échapper un sanglot.
Je...je vous prie de m'excuser pour tous les olympiens qui vous ont fait du mal, Naolith.
Je sais que nombre de mes compatriotes ne cultivent pas le respect de leur prochain dans leur coeur et j'en suis désolé.
Notre nation, comme toute nation, compte son lot de brutes et d'abrutis...
..peut-être est-ce davantage par peur qu'ils vous ont agressés..
vous savez, beaucoup ont peur des elfes et...
excusez-moi!
Quelques larmes coulaient le long des joues du paladin, qu'il s'empressa de sécher d'un revers de manche, puis il ferma les yeux et plaça ses doigts sur ses paupières...
devant lui, Naolith Kanya et Nygaël semblaient si pacifiques, si frêles dans un monde tel que celui-ci! Ils avaient beau être des elfes, ils n'en étaient pas moins sujets, de par leur sensibilité, à toutes les craintes offertes par Olympia! Et il fallait encore que des olympiens les prenne pour cibles!!!

Lentement, il se retourna vers Dlog. Ce simplement mouvement de tête à effectuer lui montrait clairement qu'il était bien entouré, Dlog, Nygaël et Valten se tenaient à ses côtés. Le premier s'excusait au nom de tous les Olympiens et le second s'inquiétait pour lui. Quant à Valten, il brillait par sa présence en toute circonstance. Ce soutien incroyable au moindre signe de faiblesse lui réchauffait le coeur. Sigdil était loin de ressembler à Na'Helli où il avait été constamment confronté à une froideur irréelle, comme s'il n'avait été guère plus qu'un fantôme.
Dlog évoquant le "chez vous" arracha un mince sourire à l'elfe malgré sa mine attristée.

- Si j'accorde trop d'importance à mes peurs et mes craintes, je serais incapable de tenir correctement mon arc, Dlog. Ainsi je préfère les enfouir, mais mon inconscient me les rappelle souvent...
Pour ce qui est des Chevaliers Noirs, oui vous m'en aviez déjà parlé, mais à vous voir vous sembliez porter une haine particulière à Bahel'. Je comprends votre point de vue, je ne pense pas non plus que l'on peut changer en un jour mais si personne ne lui donne sa chance, c'est sûr qu'il ne changera pas. Alors au lieu de le repousser à coup de pieds, tendez lui la main même si la confiance mutuelle ne viendra pas immédiatement. Il souhaite changer, c'est le plus important.

Naolith se tut soudainement en remarqua le paladin sangloter. Il s'émerveillait toujours autant de voir le coeur tendre qui se cachait sous cette lourde armure de métal. Son expression s'attendrit à cette vision mais l'elfe n'osa toujours rien faire.

- Vous n'avez pas à vous excuser pour eux, ce n'est pas de votre faute après tout. Mais je n'avais jamais vu peuple aussi agressifs, ils m'attaquaient sans raison tout comme les géants mais ces derniers avaient au moins la présence d'esprit d'écourter mes souffrances. Je ne pense pas que c'est la peur qui les ont poussés, plutôt la haine et le goût du sang, je ne décochais jamais de flèches. Ce n'est pas à dix sur moi qu'ils vont craindre le pauvre elfe solitaire qui proclamait passer en paix, ce n'est pas non plus en me voyant blessé à me trainer pour survivre que je leur aurais fait peur... Et ne venez pas me dire qu'ils ont eu pitié de ma souffrance ! Peut-être que maintenant les elfes sont à craindre grâce à leur magie mais autrefois ce n'était pas le cas.

Il finit par se taire, conscient que sa tristesse pouvait facilement se transformer en colère en évoquant ces mauvais moments. Puis il risquait surtout de peiner encore plus Dlog.

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HRP: "...sous cette lourde armure de métal..."
heu...je n'ai plus mon armure, Nao! Ni mes armes d'ailleurs!
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Dlog resta silentieux et baissa la tête...le récit de Naolith le peinait encore davantage, sans toutefois l'impressionner.
Dans la fonction qu'il occupait au sein de l'Empire, le paladin avait à gérer nombre de tâches importantes et il n'était pas rare que des rapports faisant état de massacres parviennent jusqu'à lui.
C'était même plus que courant.
Massacres en guise de représailles ou simples génocides, l'olympien en avait plus qu'assez; mais il ne pouvait rien y faire!

-Mon seul souhait est qu'Hadès me garde en son royaume.
Je ne désire rien de plus, noble guerrier.
Ainsi peut-être...pourrais-je retrouver ma bien-aimée.
...
Crispation, frissons et sanglots agitèrent alors le paladin. Puis, il releva la tête et plongea ses yeux humides et désespérés dans le regard clair de Naolith:

-Pourquoi me relâche-t-il sans cesse?
Pourquoi fait-il cela?
J'ai beau séjourner de nombreuses périodes dans les Limbes, la douleur est chaque fois plus atroce et le réveil plus que brutal..

Naolith lança un regard de biais à Dlog mi-peiné mi-inquiet. Il n'y avait rien à envier aux royaumes des morts mais le paladin semblait si anéantit qu'il ne s'en souciait guère. Après tout, l'elfe avait perdu sa mère mais il ne l'avait jamais connu et aucune tristesse ne s'en dégageait. Quant à son père, il espérait toujours qu'il soit en vie. Son frère et Nemelia se tenait encore fidèlement à ses côtés... Il n'était pas le plus à plaindre concernant Hadès, même s'il avait vécu des massacres horribles, le Dieu de la mort avait toujours renvoyé chez les vivants ses camarades.

- Hadès doit aimer se moquer notre sort. J'ai pu le constater dès ma première mort, lorsque j'ai traversé le portail... J'étais juste en face d'Ordenum avec tous ses guerriers. Une autre fois, il m'a projeté sur la grande route séparant les deux villes olympiennes et j'ai dû me réfugier dans une petite forêt au Nord pendant plusieurs mois. Enfin le pire reste au retour d'un massacre particulièrement rapide... Il m'a rejeté moi et mon frère exactement au même endroit face à dix-huit Olympiens, j'ai courru immédiatement, mon frère a eu moins de chance.
Je pense que ça peut paraitre comique vu de l'extérieur et si on possède un humour noir assez développé...

L'elfe paraissait songeur. Il s'était calmé progressivement et parler de ses morts sous cet angle lui semblait moins douloureux, oui Hadès avec de l'humour...

- Quant à votre bien-aimée, je peux me tromper mais je doute qu'elle souhaite que vous la retrouviez dès maintenant. Pourquoi vous lamentez après tout ? Croyez-vous qu'elle soit heureuse de vous voir chaque jour s'apitoyer sur son sort ? Vivez votre vie, lorsqu'Hadès sera lassé de vous, vous pourrez la rejoindre en paix et elle vous accueillera à bras ouverts. Je doute que mon père approuve mon adhésion à Sigdil mais une chose est sûre, si je m'étais lamenté sur son sort, il m'aurait sans doute frappé !

Un mince sourire apparut sur ses lèvres à cette pensée. Eranthis était toujours quelqu'un de très doux et protecteur avec ses enfants mais il lui avait toujours réprimandé sévèrement ses excès de colère.

(HRP: Je sais Dlog, je parlais en général. Parce qu'en général tu l'as sur toi cette fameuse armure )

Le paladin s'était tu depuis plusieurs longues minutes et le silence devenait pesant.
Soudain, il appuya ses deux mains à plat sur la table et se leva lentement.

-Je crois qu'il me faut me retirer à présent.
Il me tarde de rentrer et je suis resté trop longtemps parmi vous. Les miens auront des doutes.

Se tournant vers Valten, l'air grave:

-Mènes moi à mes effets, je te prie mon ami.
J'aimerais m'équiper au plus vite.

Devançant le sigdilite et sans même attendre de réponse de sa part, l'olympien avança et vint se poster près de l'escalier menant à l'extérieur.
L'impression que donnaient les elfes de se jouer des sentiments lui était parfois insupportable.