Le silence tombe sur le désert de Yaacov, un silence pesant, rien ne semble pouvoir troubler la nuit qui s’annonce. Cela fait maintenant des heures que je consulte ce parchemin, à l’abri dans mon campement de fortune, les yeux usés par la faible lueur de ma bougie dont la flamme tremble à chaque coup de vent sans pour autant s’éteindre.
Je relève la tête brusquement, un bruit ayant attiré mon attention, des voix ! J’en suis certaine. Je souffle la flamme de ma bougie et m’empare de mon épée. Sans bruit je sors de ma tente et je me poste sous le couvert d’une dune à proximité. La faveur de la nuit tombant rapidement me permet de voir sans être vue.
Brusquement ils sont là, des Elfes ! Ils arrivent nombreux et je suis plutôt surprise de les voir. Affronter le désert de Yaacov n’est pas dans les habitudes de ses froussards. Peut être que le fait d’être nombreux les encourage t-il !
Mon cerveau se met à fonctionner à toute vitesse, prévenir Sigdil aurait été une bonne chose, mais envoyer mon rapace n’aurait fait que dévoiler ma position. L’Animal aurait de plus pu être abattu en plein vol par des archers. Les attaquer ? Aussi inutile que ma première idée, le mieux est de patienter, d’évaluer leur nombre exact et d’agir ensuite.
Ils ne tardent point à montrer leurs oreilles pointues, en tout j’en compte une demi-douzaine, un seul archer, les autres étant sans aucun doute des éclaireurs. Ils trouvent mon campement et un rictus se dessine sur mon visage quand je constate qu’ils sont aussi discrets qu’un troupeau de Golems.
Trois des Elfes pénètrent à l’intérieur de la tente, laissant les trois autres dehors. Profitant de l’inattention de l’un d'eux je saute littéralement sur le premier à portée de lame. L’attaque est précise et rapide, l’Elfe s’écroule sans un bruit. Les deux autres se remettent vite de l’effet de surprise et s’élancent vers moi. Au bruit que font nos épées, s’entrechoquant dans le silence de la nuit, les autres sortent afin de prêter main forte à leurs compagnons.
Me voilà en bien mal posture, il me sera difficile d’avoir le dessus sur les cinq Elfes.
C’est alors que j’entends un cri venant de derrière moi, où plutôt un rugissement, profitant du flottement général je me débarrasse d’un autre Elfe puis effectue un quart de tour pour pouvoir faire fasse à la nouvelle menace. Un, puis deux nains, surgirent de nulle part et se jettent sur mes assaillants.
A trois, nous avons vite fait de venir à bout des derniers Elfes, un soupir s’échappe de mes lèvres, j’ai eu chaud mais pour rien au monde je ne le montrerai, « ne jamais montrer le moindre signe qui pourrait être considéré come une faiblesse » disait sans cesse mon père. « Construis toi une barrière à tout épreuve sans jamais dévoiler tes sentiments » et j’ai choisi de suivre ces conseils.
Après avoir remercié mes compagnons de lutte, je les laisse regagner le Nord de Sigdil non sans avoir d’abord vérifié qu’ils avaient les autorisations nécessaires, je regagne l’abri de ma tente, j’ai du rangement en perspective et un parchemin à finir d’étudier.
Le travail avant tout…